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À l’usine de semi-conducteurs d’IBM au Québec, la transformation numérique est permanente
L’innovation technologique est au cœur d’IBM Bromont. Fondée en 1972 pour répondre aux besoins du marché canadien en ordinateurs, l’usine a évolué au fil des ans pour grimper les échelons de la hiérarchie du colosse informatique – se démarquant de l’ensemble de ses concurrents qui ont tous fui l’Amérique du Nord vers l’Asie dans les dernières décennies.
Aujourd’hui, c’est dans la coquette ville de Bromont, à une heure de Montréal, qu’IBM fait l’assemblage et les essais de ses solutions de semi-conducteurs, en plus d’offrir ses services à des clients – notamment dans le secteur des télécommunications.
[Read the English version: “Digital transformation never stops at IBM’s semiconductor plant in Québec“]
Pour les employés qui déploient quotidiennement de nouvelles technologies à l’usine de Bromont, leur travail peut ressembler à une fête d’enfants dans un magasin de jouets : alors que certains DSI doivent se battre pour amorcer un virage numérique, à Bromont, c’est la transformation perpétuelle.
« Ça fait 50 ans que l’usine se réinvente et s’adapte », dit Louis Labelle, conseiller exécutif chez IBM Canada et directeur en chef de l’usine de 2012 à 2022. Les produits et services d’IBM Bromont ne représentent qu’une partie de l’innovation de l’établissement. Sous la gouverne de ses dirigeants, de nombreuses solutions informatiques sont continuellement développées et déployées sur place – pour améliorer les processus et optimiser le travail à l’usine même.
Intelligence artificielle : la crème de la crème
Courtesy IBM
Plus de 100 millions d’organisations partout au monde se servent de la technologie IBM Watson quand vient le temps de mettre en place des solutions d’IA. Rien d’étonnant, donc, que l’intelligence artificielle fonctionne à plein régime à Bromont : « On vend ce qu’on utilise, et on utilise ce qu’on vend », dit Labelle.
« Nous avons accès à toute la panoplie de solutions d’IBM », explique Stéphane Tremblay, actuel directeur en chef de l’usine. Parmi les derniers outils implantés, Bromont se sert d’IBM Maximo Visual Inspection – une technologie de reconnaissance d’image utilisée pour faire l’inspection des microsoudures dans la chaîne de montage; on utilise aussi IBM Maximo Health, qui « écoute » les bruits émis par les appareils pour détecter la moindre défaillance avant qu’elle ne survienne.
« Nous avons aussi recours à l’intelligence artificielle pour la chaîne d’approvisionnement », dit Louis Labelle : IBM Supply Chain Intelligence Suite fait ainsi des recommandations aux analystes de l’usine quant aux achats qui devraient être effectués.
Cet outil est particulièrement important dans un contexte de pénurie, puisqu’il peut suggérer de devancer un achat quand les délais d’acquisition sont plus longs qu’à l’habitude – comme c’est le cas avec l’actuelle pandémie et la crise internationale. Supply Chain Intelligence permet même de varier les sources d’approvisionnement lorsque des solutions de rechange existent.
« Puisque nous sommes chez IBM, nous pouvons adopter ces systèmes dès qu’ils sont disponibles et former rapidement notre personnel en conséquence », dit Stéphane Tremblay. C’est très motivant pour les employés de pouvoir participer au développement de projets novateurs comme ceux-là. »
Comme pour toutes les entreprises de l’industrie, recruter de nouveaux employés s’avère plus difficile qu’avant pour IBM – même si l’usine est située au cœur d’une pépinière de talents – avec entre autres l’Université de Sherbrooke tout près.
« On parvient à combler nos besoins mais il faut travailler deux fois plus fort pour y arriver », dit Louis Labelle. Des projets du genre ce ceux qu’IBM met continuellement en place peuvent aider à faire pencher la balance, explique-t-il.
Mobilité : une supertablette pour tous
Les TI de Bromont n’innove pas seulement par l’IA. Avec l’aide du service d’ingénierie, elles mettent en œuvre depuis deux ans un projet de mobilité où tout le personnel de l’usine – opérateurs, employés d’entretien, superviseurs et ingénieurs – sont dotés d’une tablette électronique ultraperfectionnée.
« Elle peut être utilisée pour à peu près tout », dit Stéphane Tremblay : contrôler l’équipement de l’usine à distance (ce qui augmente la liberté de mouvement des opérateurs), suivre une formation vidéo, filmer un problème pour le montrer à un autre service et obtenir de l’aide. De nouvelles fonctionnalités s’ajoutent sans cesse aux tablettes, dès qu’elles sont développées par l’entreprise.
Courtesy of Stéphane Tremblay
« Ce parcours est loin d’être terminé, dit Tremblay. Nous ajoutons constamment de nouveaux projets reliés à la mobilité des employés dans l’usine, comme l’utilisation de la réalité augmentée. »
Avec le temps, ces solutions seront utilisées dans d’autres secteurs de la fabrication. Elles seront intégrées à de nouveaux appareils, permettant par exemple de gérer les niveaux d’accès aux différentes pièces d’équipement en fonction de type d’utilisateur – et en offrant des données personnalisées selon chaque employé.
L’autonomie accrue du personnel engendré par la mobilité croissante s’accompagne aussi de nouveaux défis, notamment de formation et de certification. « C’est la réalité d’être un opérateur chez IBM Bromont, dit Labelle : personne n’est attitré à un seul équipement. Nous formons et offrons des certifications à nos employés sur une base continuelle. »
Automatisation et optimisation
IBM a choisi de rester à Bromont alors que tous ses concurrents se précipitaient vers l’Asie dans les années 80 et 90, dans l’espoir de réduire leurs coûts d’exploitation. Mais pour IBM, il y avait des enjeux de sécurité reliés à l’assemblage des systèmes de chiffrement des serveurs de l’entreprise. Le fait qu’une expertise se soit développée à l’usine au fil des ans et que sa production se diversifiait sans cesse ont aussi pesé lourd dans le choix du géant informatique.
« C’est là que développer des solutions plus automatisées s’est révélé une nécessité économique », dit Stéphane Tremblay.
De nombreuses opérations accomplies à l’usine sont aussi automatisées par besoin technique : « On assemble des semi-conducteurs : il y a des éléments qui sont beaucoup trop petits et qui nécessitent une précision bien trop grande pour être fabriqués par des êtres humains », dit Tremblay.
Aussi, l’avenir de l’usine s’inscrit carrément dans l’industrie 4.0 – la « quatrième révolution industrielle ». IBM Bromont s’efforce de réutiliser les données recueillies lors de ses opérations pour les réinjecter dans ses processus. Objectif : augmenter la productivité et faire de l’autocorrection continue. « Tous nos équipements sont connectés – ce qui fait que nos équipes de TI ont accès à des données d’une richesse incroyable », explique Louis Labelle.
Le développement conjoint de l’optimisation des processus – qui engage les équipes de fabrication et d’ingénierie – ne peut se faire du jour au lendemain. « La réinjection des données n’est pas encore déployée partout mais nos équipes s’y consacrent sans relâche, dit Labelle. Avec la pénurie de main-d’œuvre que nous connaissons à l’heure actuelle, ce recyclage d’informations devient une véritable nécessité pour une exploitation optimale. »
Vers l’informatique de demain
Un autre projet de taille se dessine à Bromont : conjointement avec le gouvernement du Québec, l’usine annonçait cette année qu’elle hébergera un Quantum System One, le premier ordinateur quantique d’IBM au Canada. « Nous avons pour mission d’assurer son entretien et son bon fonctionnement », dit Stéphane Tremblay.
Là aussi, la mise en œuvre de cette technologie futuriste nécessitera adaptation, formation et certification par les équipes de TI. Les formations ne seront d’ailleurs pas seulement données aux employés de l’usine mais aussi à d’autres entreprises et au secteur universitaire québécois : IBM Quantum se trouvera au cœur de l’Accélérateur de découvertes Québec-IBM, destiné à établir une zone d’innovation quantique dans la province et créer l’informatique de demain.
Le système quantique de l’usine pourra par exemple servir à la modélisation de nouveaux matériaux et à l’utilisation de technologies numériques inédites pour le développement durable, la découverte de nouveaux médicaments et le calcul de haute performance.
Les 50 premières années d’IBM Bromont l’ont menée des ordinateurs centraux à l’informatique du futur. Employés et dirigeants de l’usine semblent fin prêts pour le prochain demi-siècle.